Depuis 2004, le centre éducatif renforcé d'Elven donne la possibilité à des mineurs délinquants multirécidivistes de se reconstruire. Avec un credo: les couper de leur environnement habituel pour leur redonner envie de se projeter vers l'avenir.
Photo Tangi Loisel/Le Télégramme |
Au manoir de Kercointre, à Elven, ne cherchez pas de barreaux, vous n'en trouverez pas. Cette belle bâtisse du XVIIIe siècle est pourtant un centre éducatif renforcé (CER) depuis 2004 et accueille des jeunes mineurs délinquants multirécidivistes. Mais ici, pas de miradors, ni de barbelés. À la place, une clôture symbolique autour d'un petit jardin, un barbecue et un terrain de sport.
«J'ai appris à me lever le matin»
Dans le salon de la demeure, six jeunes sont en train de réfléchir au texte d'un spectacle de marionnettes qu'ils présenteront le jeudi, pour clore leur séjour ici. Une animation qu'ils préparent de A à Z, avec l'aide d'intervenants. «Je suis ici pour m'en sortir», confie Clément*, 17 ans, qui vient de passer une vingtaine de semaines dans ce CER géré par une association, SOS Insertion et Alternatives. Il est conscient de l'importance de son séjour. «J'ai appris à me lever le matin, à travailler, à être plus tolérant...» Des choses qui semblent simples mais que Clément et ses cinq camarades de stage ont oubliées au cours de leurs parcours difficiles. Ce qui les a amenés à commettre des «bêtises», comme dit simplement Clément.
Deux sessions par an
«Il n'y a pas de profil-type, souligne Alain Bringer, responsable du CER. Mais c'est souvent l'ultime structure avant la prison». C'est le juge des enfants, en accord avec des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, qui décide de les placer dans ce centre. Chaque année, deux sessions de cinq mois sont organisées. Chacune d'entre elles accueille un maximum de huit jeunes. Des sessions au cours desquelles de multiples activités sont organisées, selon un emploi du temps bien rempli: travaux dans des espaces verts, jeux, actions caritatives, sport... Un planning chargé, pour un objectif bien précis: créer une rupture. «On cherche à retirer ces jeunes de leur environnement et de leur mode de vie antérieur, explique Alain Bringer. On veut les amener ainsi à construire un projet de réinsertion viable». Un projet professionnel se construit au fur et à mesure du séjour, en collaboration avec les éducateurs. Un stage dans une entreprise vient parfois conclure ce séjour. Clément s'est ainsi fixé un objectif pour sa sortie du centre: passer le Bafa, le diplôme pour devenir animateur. Un petit miracle pour Alain Bringer: «Créer chez eux des envies, des désirs qui sont vraiment les leurs, c'est un sacré challenge. Ils vivent souvent dans l'immédiateté, sans projections vers l'avenir». À chaque session, il observe les progressions de ses stagiaires, leur prise de confiance, leurs initiatives. Leurs «pétages de plomb», aussi. «Le problème, c'est que l'on sème, mais on ne voit pas la récolte». Une étude sur cinq ans est donc actuellement en cours pour faire le point sur les parcours de ces jeunes après leur sortie du centre.
*Le prénom a été changé.
«J'ai appris à me lever le matin»
Dans le salon de la demeure, six jeunes sont en train de réfléchir au texte d'un spectacle de marionnettes qu'ils présenteront le jeudi, pour clore leur séjour ici. Une animation qu'ils préparent de A à Z, avec l'aide d'intervenants. «Je suis ici pour m'en sortir», confie Clément*, 17 ans, qui vient de passer une vingtaine de semaines dans ce CER géré par une association, SOS Insertion et Alternatives. Il est conscient de l'importance de son séjour. «J'ai appris à me lever le matin, à travailler, à être plus tolérant...» Des choses qui semblent simples mais que Clément et ses cinq camarades de stage ont oubliées au cours de leurs parcours difficiles. Ce qui les a amenés à commettre des «bêtises», comme dit simplement Clément.
Deux sessions par an
«Il n'y a pas de profil-type, souligne Alain Bringer, responsable du CER. Mais c'est souvent l'ultime structure avant la prison». C'est le juge des enfants, en accord avec des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, qui décide de les placer dans ce centre. Chaque année, deux sessions de cinq mois sont organisées. Chacune d'entre elles accueille un maximum de huit jeunes. Des sessions au cours desquelles de multiples activités sont organisées, selon un emploi du temps bien rempli: travaux dans des espaces verts, jeux, actions caritatives, sport... Un planning chargé, pour un objectif bien précis: créer une rupture. «On cherche à retirer ces jeunes de leur environnement et de leur mode de vie antérieur, explique Alain Bringer. On veut les amener ainsi à construire un projet de réinsertion viable». Un projet professionnel se construit au fur et à mesure du séjour, en collaboration avec les éducateurs. Un stage dans une entreprise vient parfois conclure ce séjour. Clément s'est ainsi fixé un objectif pour sa sortie du centre: passer le Bafa, le diplôme pour devenir animateur. Un petit miracle pour Alain Bringer: «Créer chez eux des envies, des désirs qui sont vraiment les leurs, c'est un sacré challenge. Ils vivent souvent dans l'immédiateté, sans projections vers l'avenir». À chaque session, il observe les progressions de ses stagiaires, leur prise de confiance, leurs initiatives. Leurs «pétages de plomb», aussi. «Le problème, c'est que l'on sème, mais on ne voit pas la récolte». Une étude sur cinq ans est donc actuellement en cours pour faire le point sur les parcours de ces jeunes après leur sortie du centre.
*Le prénom a été changé.
- Tangi Loisel
Entretien : «Des jeunes en grande quête affective»
Quel est le profil des jeunes qui participent aux sessions du CER?
A. Bringer : Il y a de tout: consommation de stupéfiants, trafic, violences, vols... Certains sortent de prison dans le cadre d'aménagements de peines. Sur les candidatures qui me sont envoyées, j'ai la possibilité de sélectionner. J'élimine ainsi ceux qui ont d'importants problèmes psychologiques, étant donné qu'ils sont amenés à manier des outils. J'observe d'ailleurs qu'il y a de plus en plus de cas psychologiques qui me sont proposés, ainsi que des jeunes de plus en plus déstructurés. Ils ont souvent des vécus dramatiques, avec des familles qui ont de plus en plus de mal à leur donner une éducation correcte. Ces jeunes sont donc en grande quête affective.
Comment réagissent-ils face aux activités des sessions?
Les rythmes de journée sont assez denses. Ce n'est pas toujours facile pour eux, car ils ont perdu l'habitude de se lever le matin. Certains n'ont même jamais travaillé. Les premiers jours, ils acceptent bon gré, mal gré. Mais au fil de la session, des résistances apparaissent. Au fil des discussions avec les éducateurs, des liens se créent, des projets se construisent.
Est-ce difficile d'encadrer ces jeunes?
Il y a toujours de la tension, mais ce n'est pas aussi violent qu'on pourrait le penser. Il faut rappeler le cadre en permanence, ce qui est épuisant. Tout le monde ne peut pas faire ce genre de travail. Mais leur comportement évolue au cours de la session.
Y a-t-il souvent des fugues?
Ici, il n'y a pas de grilles. C'est l'éducatif qui est renforcé. Rien ne les retient donc, sauf la décision du juge. Ils savent que s'ils partent, ils peuvent faire l'objet d'une incarcération. Mais ces fugues arrivent tout de même de temps en temps.
L'unique CER du Morbihan
Le centre éducatif renforcé d'Elven est le seul existant dans le Morbihan. Sur le territoire national, il en existe environ 70, dont quelques-uns publics. L'association SOS Insertion et Alternatives, qui gère la structure d'Elven, est aussi responsable de trois autres structures en Lozère, Guyane et en Seine-Saint-Denis. Selon un rapport du Sénat de 2007, le coût à la journée est de 419 EUR dans le secteur associatif et de 877 EUR dans le secteur public.CER ou CEF? Les centres éducatifs renforcés se distinguent des centres éducatifs fermés, créés en 2002. Le terme «fermé» renvoie à la fermeture juridique définissant le placement, c'est-à-dire que tout manquement grave au règlement du centre est susceptible d'entraîner une détention. Mais que ce soient des CER ou des CEF, ils constituent une alternative à l'incarcération et viennent toujours après l'échec de mesures éducatives.
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