Granville. Le carnaval au patrimoine mondial de l'Unesco?

Depuis un an, un dossier est en cours de constitution pour obtenir son inscription au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Pour l'ethnologue Pierre Schmit, cet événement festif a des spécificités.
Photo Tangi Loisel/Ouest-France

Trois questions à...
Pierre Schmit, directeur du Crécet (Centre régional de culture ethnologique et technique) et chargé, par le ministère de la Culture, de suivre le dossier de candidature du carnaval de Granville au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.


Pourquoi le carnaval de Granville peut-il prétendre à entrer au patrimoine immatériel de l'Unesco ?
D'autres carnavals ont déjà obtenu ce label, comme en Belgique ou en Amérique du Sud. Celui de Granville a des traits classiques, comme lorsque le maire s'efface pour laisser sa place aux bouffons, ou encore le grand nombre de masques. Mais il a aussi des spécificités. Ce qui fait sa force, c'est la manifestation très forte de l'identité locale, ne serait-ce que par le grand nombre de personnes qui s'y impliquent. Il y a une forte connivence entre les gens quelle que soit leur classe. Mais plus largement, Granville illustre un fait intéressant : la grande vigueur du carnaval dans de nombreuses villes portuaires.
Où en est le dossier de candidature ?
L'idée est apparue l'année dernière. Le dossier est toujours en cours de constitution, mais je pense qu'il est mûr. J'apporte mon aide à la communauté (organisateurs, collectivités, acteurs...) qui est fortement mobilisée dans cette tâche. Dans les prochains mois, nous nous rencontrerons pour rédiger la demande. C'est un travail d'écriture assez subtil, condensé en une dizaine de pages et destiné à des gens qui ne connaissent pas Granville.
Nous devons aussi faire une demande d'inscription au patrimoine national, un passage obligé avant une candidature au patrimoine mondial. Le dossier fera des navettes entre le ministère de la Culture et Granville pour apporter des corrections. Il sera ensuite transmis à l'ambassadeur de la France auprès de l'Unesco. L'étude de la demande pourrait prendre un an ou deux.
Qu'apportera un tel label ?
Il est important de rappeler que même si le label n'est pas décroché, le carnaval reste quand même du domaine du patrimoine. Ce genre de reconnaissance ne rapporte pas d'argent, mais ça permet de dialoguer avec d'autres communautés dans le monde. L'intérêt majeur est surtout que ça oblige la communauté à avoir une réflexion sur ce qu'est le carnaval et sur ce qu'on va en faire. Car l'Unesco a une conception très dynamique du patrimoine immatériel.
Propos recueillis par Tangi Loisel/Ouest-France

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